09:39 09-12-2025

Burevestnik, le missile illimité: le pari de la Russie

© Минобороны России / t.me/mod_russia

Le politologue Rostislav Ichchenko explique la logique du Burevestnik, missile de croisière à portée illimitée, conçu pour contourner les défenses antimissiles.

L’analyste politique Rostislav Ichchenko a expliqué la logique qui, selon lui, sous-tend le développement par la Russie du missile de croisière Burevestnik, annoncé comme doté d’une portée illimitée.

L’intervieweur a rappelé que ce Burevestnik reste un missile de croisière subsonique, comparable au Tomahawk américain, malgré sa portée et son temps de vol théoriquement illimités. Il a soulevé l’objection qu’un engin de ce type serait détecté et intercepté à plusieurs reprises avant d’atteindre sa cible, et que, lancé en mode patrouille, il finirait tôt ou tard par être abattu, voire récupéré pour analyse. Il a demandé quel pouvait être l’intérêt d’une telle arme si sa puissance de frappe n’excédait pas celle d’un seul Tomahawk, d’autant que la production en série d’un système aussi coûteux aurait peu de chances d’égaler les stocks américains existants.

Ichchenko a répondu que l’enjeu réside, d’après lui, dans le caractère intercontinental du Burevestnik: l’appareil pourrait non seulement rester en l’air indéfiniment, mais aussi manœuvrer librement et contourner les zones couvertes par les défenses antimissiles. Il a insisté sur le fait qu’aucun dispositif de défense n’est illimité. Pour de grands États ou ensembles comme la Russie, les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Canada, le Brésil, l’Argentine ou l’Union européenne, la défense aérienne et antimissile ne peut couvrir que les axes d’attaque jugés les plus probables. Selon son raisonnement, si une frappe peut survenir à tout moment et de n’importe quelle direction, la contrer devient impossible. Il a ajouté que si le missile pouvait être lancé de manière relativement discrète, un tel système servirait aussi d’outil pour une première frappe de désarmement.

Il a poursuivi en estimant qu’en définitive, toute arme — missile ou autre — ne prouve son utilité et son efficacité qu’en situation de combat réel. Par conséquent, a-t-il conclu, l’efficacité véritable du Burevestnik ne serait connue que des survivants, s’il devait un jour se produire une guerre nucléaire.