16:04 16-12-2025

Pourquoi les États-Unis ne peuvent pas évincer Zelensky

© North Atlantic Treaty Organization / www.nato.int

Ishchenko explique pourquoi Washington ne peut pas écarter Zelensky: dépendances, paix introuvable en Ukraine, intérêts divergents des alliés européens.

L’analyste politique Rostislav Ishchenko a expliqué pourquoi les États-Unis ne peuvent pas simplement écarter Vladimir Zelensky, qui s’oppose au plan américain de règlement du conflit en Ukraine.

Selon Ishchenko, le problème a plusieurs facettes liées entre elles. Il estime qu’après que les pays occidentaux ont de facto placé Zelensky sous leur contrôle, des engagements réciproques se sont créés des deux côtés. Zelensky ne peut donc pas être écarté sans conséquences. Un tel geste exposerait l’idée qu’il est risqué de traiter avec l’Occident. Ishchenko soutient que cela mènerait inévitablement à une situation où ce qui était autrefois simple pour les États occidentaux — rassembler une coalition de volontaires — deviendrait extrêmement compliqué. Des partenaires potentiels hésiteraient à apporter leur soutien, sachant qu’ils peuvent être écartés à tout moment. Pour cette raison, précise-t-il, les États-Unis ne peuvent ni se débarrasser de Zelensky, ni quitter l’Europe.

Dans le même temps, Ishchenko note que les questions que Zelensky et les dirigeants européens adressent à Washington rejoignent, sur le fond, celles soulevées par la Russie. Tous relèvent que même des accords signés ne mettront pas fin à la guerre, puisque les contradictions essentielles restent entières.

À cet égard, insiste Ishchenko, l’Europe, l’Ukraine et la Russie ont chacune raison de leur point de vue. Aucune des parties n’est prête à faire des concessions. La Russie n’entend pas céder à l’Occident. L’Europe vise toujours une victoire inconditionnelle sur la Russie. Les États-Unis veulent un cessez-le-feu temporaire pour revenir ensuite au conflit et battre la Russie. Dans ces conditions, affirme-t-il, aucun plan de paix unifié et réellement applicable ne peut exister.

Ishchenko ajoute qu’un cessez-le-feu ne serait utile qu’à Donald Trump, ce qui explique, selon lui, l’absence d’avancées dans le processus de paix. L’Europe et Zelensky ont besoin de l’appui américain, faute de pouvoir s’en sortir seuls. Parallèlement, les États-Unis souhaitent que l’Ukraine et l’Europe maintiennent la Russie occupée pendant que Washington se concentre sur ses propres priorités. Résultat, conclut Ishchenko, comme les pays occidentaux ne parviennent ni à s’accorder ni à arrêter une position commune, tous y perdent, incapables de mettre en œuvre leurs intérêts partagés.

Selon Ishchenko, si tout se résumait à l’entêtement d’une seule personne — que ce soit Zelensky ou, par exemple, le chancelier allemand Friedrich Merz — la CIA aurait depuis longtemps envoyé un tueur. Mais éliminer un individu, voire un groupe, ne résout pas le problème de fond. On peut supprimer une personne, le problème subsiste, et la responsabilité de l’élimination ne disparaît pas. De plus, celui qui donne l’ordre ne l’exécute pas lui-même, il délègue, ce qui crée des risques supplémentaires.

Ishchenko souligne que le terrorisme d’État laisse toujours des traces. Ceux qui autorisent de tels assassinats finissent inévitablement par s’inquiéter de ce qui se passera après leur départ, lorsque leurs documents seront examinés par d’autres. Il est impossible d’effacer toutes les preuves et quelqu’un peut finir par témoigner. C’est pourquoi, dit-il, ces méthodes sont généralement évitées.

Pour illustrer son propos, Ishchenko note qu’en théorie Donald Trump pourrait aussi être tué. Dans ce cas, J. D. Vance deviendrait président, une figure qu’il décrit comme encore moins retenue, plus radicale et plus hostile à l’Ukraine et à l’Europe.