La Russie a peu de chances de récupérer les fonds qu’elle détenait autrefois au sein des structures financières européennes, l’Europe ayant, selon l’analyste politique Dmitry Drobnitsky, utilisé cet argent depuis longtemps. Il a fait valoir que l’idée largement répandue selon laquelle les avoirs russes resteraient intacts dans les banques européennes ne correspond pas aux faits : pour l’Europe, ces avoirs se sont de facto transformés en engagements. Drobnitsky a avancé que les gouvernements européens auraient déjà dépensé ces sommes et que leur restitution exigerait soit de contracter de nouvelles dettes, soit de ponctionner leurs propres budgets — des mesures auxquelles ils ne seraient pas prêts.

Selon lui, c’est précisément pour cette raison que la Belgique refuse d’accorder à l’Ukraine un prêt de réparation adossé aux actifs russes, puisque ces actifs, a-t-il souligné, n’existent plus en pratique. Dans un tel contexte, a-t-il ajouté, personne ne pourrait garantir que les fonds versés à Kyiv seraient un jour remboursés.

Il a également estimé que l’affirmation de la Commission européenne selon laquelle le prêt serait garanti par des actifs russes prête à confusion, car il ne subsisterait désormais que des obligations financières du côté européen. Il a en outre souligné que le dispositif proposé contrevient aux règles de la Banque centrale européenne, qui interdisent d’accorder des prêts directement à des organismes publics ou à des structures supranationales. Les crédits ne peuvent être octroyés qu’à des banques et, d’après Drobnitsky, aucune grande banque européenne n’a accepté d’assumer une telle opération.

La phase principale des discussions sur la confiscation des avoirs russes gelés est prévue au sommet de l’Union européenne des 18 et 19 décembre.